A Lorient, la Bretagne Sailing Valley garde la cote Arnaud C., 16 juillet 202416 septembre 2024 Inauguration du nouveau bâtiment de l’écurie TR Racing à La Base fin avril, annonce du partenariat entre Lorient Agglomération et K-Challenge début mai, Lorient a encore affirmé ces dernières semaines son statut de pôle majeur de la voile de compétition en France et dans le monde. Avec en plus des acteurs qui comptent participer au dynamisme local. Décryptage. Quelques jours avant le départ de The Transat CIC, Lorient La Base était le théâtre le jeudi 25 avril de l’inauguration du bâtiment flambant neuf de TR Racing, l’entreprise cofondée par Thomas Ruyant et Alexandre Fayeulle, président d’Advens. Un bâtiment de 1 200 m2 au sol qui, selon Thomas Gavériaux, directeur général de TRR, a été voulu pour “disposer d’un outil à la mesure de l’ambition de l’équipe”. Pas question pour l’écurie de course au large, qui emploie aujourd’hui 32 collaborateurs, de choisir un autre lieu que Lorient : “Pour nous, c’était effectivement Lorient et rien d’autre, confirme Thomas Gavériaux. D’abord parce qu’il y a un grand nombre d’acteurs de la course au large qui y sont installés, en particulier nos principaux fournisseurs, ensuite parce qu’il y a une ébullition particulière autour de l’économie de la voile professionnelle qui en fait un dispositif unique au monde, enfin parce qu’on peut aller naviguer en entraînement au large avec une facilité que peu d’emplacements permettent.” Commencés fin novembre 2022, les travaux se sont achevés en début d’année – pour un investissement de “quasiment 4 millions d’euros”, selon le directeur général de TRR -, avec à l’arrivée un bâtiment qui abrite les deux Imoca de Thomas Ruyant et Sam Goodchild, les bureaux de l’entreprise, un espace réceptif et un plateau que TRR souhaite ouvrir aux “innovations collaboratives“. Et Thomas Gavériaux de préciser : “On cherche à héberger des entreprises plutôt issues du monde de la tech et de la data, pour les faire collaborer ensemble et avec nous, en mode « proof of concept », sur desproduits et des services du monde maritime de demain.” Cette démarche tournée vers l’innovation collaborative, on la retrouve dans un projet officialisé le 7 mai dernier : le partenariat entre Lorient Agglomération et K-Challenge, qui, début 2025, s’installera dans le quartier du Péristyle. La société, cofondée à partir du concept de sport tech par Stephan Kandler et Bruno Dubois, comprend effectivement deux entités : K-Challenge Racing pour la partie sportive – qui a donné naissance au défi français Orient Express Racing Team – et K-Challenge Lab, tournée autour de la R&D. Cette structure, qui comprend des ingénieurs, actuellement mobilisés sur la Coupe, des logiciels et des démonstrateurs que sont les trois bateaux du défi – AC75, AC40 et « chase-boat » à hydrogène -, a ainsi pour vocation de mettre tous ces actifs au service d’autres projets, dans la voile de compétition, le numérique et la mobilité maritime. Au moment de l’annonce du partenariat, Stephan Kandler citait en particulier “des bateaux à hydrogène de 10 à 30 mètres pour de la plaisance au sens large, ou, un peu plus gros, à vocation industrielle”, et expliquait que le futur site de K-Challenge à Lorient – qui était en concurrence avec des villes des régions Sud-Paca et Occitanie – pourrait lui aussi s’ouvrir à d’autres entités. “La Bretagne Sailing Valley, avec sa puissance industrielle dans le domaine de la voile de compétition et de la tech, rentrait complètement dans le cadre de ce qu’on voulait”, précisait-il, avant de se projeter et espérer, dans un avenir proche, voir K-Challenge Lab accueillir “de l’ordre de 30 à 60 personnes pour un chiffre d’affaires de quelques millions d’euros”. Pour Audélor, l’agence d’urbanisme, de développement économique et technopole du Pays de Lorient, voir TRR renforcer sa présence et K-Challenge s’installer à Lorient en 2025 sont forcément de bonnes nouvelles et confortent l’importance croissante de la voile de compétition dans l’économie locale, dont l’évolution a fait l’objet d’une étude menée par l’agence. “Non seulement, ces projets soutiennent l’activité économique, avec des emplois créés, des compétences et l’appel à des sous-traitants locaux et aux équipements portuaires, mais en plus, ils ont une visibilité sur le long terme, confirme Régis Guyon, en charge de la filière innovation matériaux et nautisme. Ce qui permet de conforter les collectivités quand elles se lancent dans des investissements lourds, notamment portuaires, pour accompagner ces projets.” Si Lorient est à la pointe dans ce domaine – mais également proche de la saturation -, plusieurs autres ports bretons voient de plus en plus la voile de compétition – et ses applications dans d’autres univers maritimes – comme un facteur de développement économique. C’est le cas notamment de Port La Forêt ou de Concarneau, qui abrite par exemple l’entreprise à mission MerConcept, tandis que Saint-Malo a affiché, lors de son forum maritime le 22 mai, son intention de développer un véritable pôle de course au large, réclamé depuis des années par des équipes, particulièrement d’Ocean Fifty. Preuve que la fameuse “Bretagne Sailing Valley” peut avoir des ramifications bien au-delà du seul territoire lorientais. Voile de compétition ImocaLorientOrient Express Racing TeamTRR