Au Défi Azimut 2025, la course au large accélère le mouvement vers la transition écologique audrey, 26 septembre 202516 octobre 2025 Organisées par Bretagne Next dans le cadre du programme Bretagne Sailing Valley, et avec ses partenaires Audélor et l’UBS, les conférences du Défi Azimut 2025 ont réuni chercheurs, industriels et acteurs de la filière autour d’un même enjeu : accélérer la transition écologique dans la course au large et la construction navale. Matériaux, recyclabilité, réglementation, coopérations intersectorielles… autant de leviers explorés pour faire évoluer les pratiques, entre réalisme industriel et ambition collective. Réduire les impacts : « Un bateau, ça doit durer 100 ans » Christophe Baley (Université Bretagne Sud) a rappelé que toute démarche environnementale commence par les bonnes questions. Il alerte sur les approximations dans les calculs d’empreinte carbone : la construction de 40 bateaux de course équivaudrait, selon lui, à celle d’une ville de 55 000 habitants pendant un an. L’enseignant plaide pour des analyses de cycle de vie dynamiques et des matériaux alternatifs, du bois biodégradable aux composites de champignons. « On peut faire des petits pas, mais il faut des grands », conclut-il. Télécharger la présentation de Christophe Baley Lire également : Défi Azimut 2025 : IA et innovation maritime : de la conception à la performance, un virage maîtrisé IMOCA : des règles de classe pour accélérer la transition René Boulaire et Imogen Dinham-Price ont présenté les avancées environnementales de la classe IMOCA : analyses de cycle de vie, limitation des impacts des foils et outillages, et nouvelle règle de construction visant –15 % d’impact sur les nouvelles unités. « Nous devons faire mieux dans l’usage des matériaux », insiste René Boulaire. Une trajectoire à long terme, jusqu’en 2050, est en place pour concilier performance et responsabilité. Voiles biosourcées : la preuve par l’océan Matthieu Souben (All Purpose / Trilam Biotech) et le skipper Damien Seguin démontrent que durabilité et performance peuvent cohabiter. Après cinq ans de tests, leurs voiles à base de lin et de résines biosourcées ont tenu un Vendée Globe complet. Résultat : –40 à –60 % d’empreinte carbone, à performance égale. « L’innovation n’est pas synonyme de compromis », souligne Damien Seguin. Les bateaux en bois, un futur très ancien Gildas Plessis (GP Yacht Design) milite pour le retour du bois dans la course au large. Avec lin, bambou ou basalte, il prouve qu’un bateau peut être rapide et sobre : un Folk Boat en bois émet 57 fois moins de CO₂ qu’un équivalent polyester. « Le carbone est génial, donc tout le monde le défend », observe-t-il, tout en rappelant que les Accords de Paris imposeront, tôt ou tard, un virage radical. Refit et reconditionnement : donner une seconde vie aux bateaux Katia Merle, du cabinet VPLP, et Dimitri Caudrelier, cofondateur de Reboat, prônent le refit comme levier de durabilité. « Un bateau reconditionné, c’est jusqu’à 65 % d’impact en moins », note Dimitri Caudrelier. Au-delà de la technique, c’est une culture à diffuser : vendre un bateau rénové, garanti deux ans, « comme une voiture reconditionnée ». Pour Katia Merle, « redonner une jeunesse » aux flottes existantes est aussi une forme d’innovation. Règlementation et normalisation : anticiper pour ne pas subir David Krupka (AFNOR) et Romain Agogué (IPC) ont rappelé l’urgence de maîtriser un cadre réglementaire en pleine mutation : éco-design, REACH, CSRD… « La conformité et la confiance sont au cœur du système européen », souligne David Krupka. Romain Agogué plaide pour un langage commun et une Europe plus active dans la définition des normes : « 70 % des projets ISO viennent d’Asie. » L’enjeu : bâtir une filière composite européenne, circulaire et souveraine. Télécharger la présentation de Romain Agogué et David Krupka Thermoplastiques : vers une vraie économie circulaire Pour Pierre Gérard (Arkema), « les thermoplastiques ouvrent la voie à une vraie économie circulaire ». Avec la résine Elium®, Arkema prouve qu’on peut recycler les composites sans perte de performance. Le Groupe Bénéteau l’a intégrée sur le Sun Fast 30 OD, premier monotype recyclable : « La matière devait s’adapter à notre process, pas l’inverse », souligne Damien Barre. Frédéric Fourreau (UBSIDE) complète : « C’est du Lego industriel ! » Réutilisable, rapide à produire et 30 % moins impactant, le thermoplastique incarne la transition à l’œuvre. Outdoor Sport Valley : la collaboration comme moteur de transition Céline Brunel (OSV) a présenté un écosystème exemplaire du côté de l’outdoor (montagnes) : 500 adhérents, 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 8 000 emplois. L’association a incubé 130 start-ups, développé des ateliers de réparation, exploré les « matières régénératives » et lancé Ordinary Project, qui forme binômes marques-athlètes pour parler environnement d’une même voix. « Nous avançons ensemble, même entre concurrents », résume-t-elle. La preuve que la coopération peut devenir un puissant accélérateur de transition. Voile de compétition