Sailing Café #2 : Ergonomie et sécurité dans la course au large Arnaud C., 25 juin 20241 juillet 2024 Pour son second Sailing Café de l’année, Bretagne Développement Innovation a choisi d’aborder l’ergonomie et la sécurité à bord dans la course au large. Notamment des Imoca avec Romain Attanasio, skipper de Fortinet Best Western, Matthieu Vincent, membre du bureau d’études d’Initiatives Cœur, et Ulysse David, qui fait partie du bureau d’études de MerConcept pour l’Imoca Macif Santé Prévoyance. “L’ergonomie est destinée à faciliter la vie du marin afin qu’il puisse manger et dormir dans toutes les conditions possibles”, a, d’entrée, précisé Ulysse David. En plus de jouer un rôle clé dans la sécurité et le confort du skipper, l’ergonomie est aussi un enjeu de performance, a poursuivi Matthieu Vincent : “Les bateaux vont de plus en plus vite, tapent de plus en fort, et sans ergonomie, on ne peut pas les mener à leur plein potentiel.” En vue du Vendée Globe, objectif prioritaire des projets Imoca, c’est un sujet sur lequel ont beaucoup planché les équipes l’hiver dernier. Sur Initiatives Coeur, une zone de vie centrale et compacte a ainsi été aménagée pour que Sam Davies puisse se reposer et mieux se relâcher. “Nous avons travaillé avec un ergothérapeute pour lui fabriquer un siège sur-mesure, qui est aussi amorti et rotulé afin qu’elle puisse ajuster sa position en mode repos ou travail, mais aussi en fonction de la gîte du bateau”, a détaillé Matthieu Vincent. Positionné dos à la route, ce siège est tourné vers le cockpit et “Sam est ainsi plus réactive pour intervenir sur les winchs”, a ajouté l’ingénieur, avant de préciser qu’en guise d’ultime protection, “une énorme toile a été installée en avant de la zone de vie afin que Sam ne soit pas projetée dans les cloisons de mâts ou d’outriggers en cas de choc.” Sur Macif Santé Prévoyance, l’ergonomie a été pensée dès la conception de l’Imoca, a de son côté expliqué Ulysse David, puisque “lors de son premier Vendée Globe sur Apivia, Charlie (Dalin) avait rencontré des conditions assez dures, surtout dans l’océan Indien, il s’était rendu compte de l’importance de l’ergonomie pour bien vivre à bord. Pour son nouveau bateau, nous avons donc conçu une zone de vie très compacte et assez centrée sur l’arrière (en arrière du cockpit, NDLR) afin que tout soit à portée de main et installé un siège sur-mesure, monté sur deux amortisseurs, sur lequel il peut s’attacher avec une ceinture de sécurité afin de ne pas décoller dans les vagues.” Le port du casque a également été évoqué en cas de déplacement ou de manœuvre à haute vitesse, notamment sur Macif Santé Prévoyance, où “il est obligatoire dès que le bateau va à plus de 20 nœuds”, a précisé Ulysse David. En plus du casque de cycliste ou de rugbyman, le casque anti-bruit est également de mise, a souligné de son côté Romain Attanasio: “Le bruit des foils étant notamment assez infernal sur la durée, je le porte quand je vais vite, cela permet d’atténuer les bruits extrêmes.” Interrogé sur les éventuels dispositifs ou aménagements installés pour faciliter le matossage, Ulysse David a répondu qu’il n’y a aujourd’hui “pas de solution magique” et que cela “reste un sujet d’études assez complexe. Pour les sacs, nous avons des systèmes de palans mais pour les voiles – qui pèsent près de 100 kilos chacune – c’est encore compliqué, notamment à cause des pas de cloisons assez importants.” Sur Initiatives Coeur, le parti pris a été de matosser les voiles à l’extérieur, a expliqué Matthieu Vincent : “Comme le pont est très épuré, cela permet de faire glisser les voiles, qui y sont fixées via de nombreux points d’attache.” Les intervenants ont aussi décrit la manière dont sont sécurisés les moments du repas. Sur Fortinet Best Western, Romain Attanasio a raconté qu’il peut cuisiner depuis son siège “grâce à une cuisine escamotable – où se trouve un Jetboil – qui se range sous la goulotte dans laquelle passent tous les cordages, et j’ai toujours du tulle gras à poste pour apaiser une éventuelle brûlure.” Et Matthieu Vincent de conclure : “Ce sont des petits détails, mais qui, mis bout à bout, font la différence sur la longueur du Vendée Globe.” Voir le replay et écouter le podcast Voile de compétition