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Gestion des déchets dans la course au large : comment l’IMOCA Les P’tits Doudous relève le défi de l’économie circulaire

Arnaud C., 23 octobre 202523 octobre 2025

La construction d’un IMOCA, ces monocoques de 60 pieds conçus pour affronter les océans en solitaire, est un processus complexe et gourmand en ressources. Entre carbone, résines, métaux et consommables divers, un chantier génère des tonnes de déchets, souvent difficiles à recycler. Pourtant, face à l’urgence écologique, des équipes comme celle d’Armel Tripon et de l’association Les P’tits Doudous prouvent qu’il est possible de concilier performance sportive et respect de l’environnement.

À travers la construction de leur nouvel IMOCA, l’équipe a mis en place une gestion innovante des déchets, visant à réduire, réemployer et recycler un maximum de matériaux. Retour sur une expérience pionnière, qui pourrait inspirer toute la filière nautique.


📁 Rapport complet à télécharger

Le constat : des déchets complexes et peu valorisés

Des chiffres qui interrogent

D’après une étude de la Classe IMOCA, la construction d’une coque et d’un pont génère 5,9 tonnes de déchets pour seulement 2,8 tonnes de structure finale. Parmi ces déchets :

  • Carbone (préimprégné, cuit, fibres sèches)
  • Résines et colles
  • Environnements de travail (bâches, feutres, grilles, tissus)
  • Consommables (gants, masques, scotchs, emballages)
  • Métaux (inox, titane, plomb)

Jusqu’à présent, une grande partie de ces déchets finissait enfouie ou incinérée, faute de filières de recyclage adaptées. Pourtant, beaucoup pourraient être réemployés ou transformés en nouvelles ressources.

Des freins structurels

  • Multiplicité des matériaux : Les déchets sont souvent composites (plastiques souillés, multi-matériaux), ce qui complique leur recyclage.
  • Volumes insuffisants : Les recycleurs exigent des quantités minimales (ex. : 400 kg de polystyrène compacté), difficiles à atteindre pour un seul chantier.
  • Manque de solutions locales : Peu d’acteurs proposent des filières dédiées aux déchets spécifiques de la course au large.

Face à ces défis, l’équipe des P’tits Doudous a décidé d’agir.


Une démarche innovante : cartographier, trier, valoriser

Cartographier les déchets pour mieux les gérer

Dès le début du chantier, l’équipe a identifié et quantifié chaque type de déchet, en collaboration avec des experts en économie circulaire (Sail of Change, EVEA). Objectif : comprendre les flux pour trouver des solutions adaptées.

Trier à la source : un engagement collectif

  • 10 poubelles spécifiques ont été installées sur le chantier, près des postes de travail.
  • Formation des équipes : Les opérateurs ont été sensibilisés au tri, avec un temps supplémentaire estimé à 7,5 minutes par jour et par personne – un effort jugé utile (note moyenne de 8,2/10 dans une enquête interne).
  • Compactage et stockage : Les déchets étaient compactés et stockés dans un conteneur de 20 pieds, avant d’être acheminés vers des filières dédiées.

Valoriser chaque flux : des partenariats clés

L’équipe a noué des collaborations avec des acteurs innovants pour recycler ou réemployer les déchets :

Type de déchetPartenaireSolution de valorisation
Bâches et feutresAirtechRecyclage en pièces automobiles ou isolation (ex. : 1 152 kg de bâches et feutres envoyés).
Séparateurs (ouate, PE)BiotopTransformation en isolants ou réinjection dans de la matière neuve (270 kg valorisés).
Chutes de carboneKarbon CreationsCréation d’objets (bracelets, porte-clés) ou CSR (Combustible Solide de Récupération).
Métaux (inox, titane)Ferrailleurs locauxRevente au profit de l’association Les P’tits Doudous.
Voiles usagéesSecond Souffle (All Puprose)Réutilisation en sellerie ou recyclage en nouveaux textiles.
PolystyrèneBiotop / KnaufIntégration dans des bacs à marée ou isolants (si volumes suffisants).

> Résultat : 49 % des déchets ont été valorisés (contre 10 % en moyenne dans la filière), soit 2,9 tonnes sur les 6 tonnes générées pendant la construction.


Bilan et enseignements : une expérience à dupliquer

Un impact environnemental et humain positif

  • Réduction des émissions : L’utilisation de carbone recyclé (65 % de la coque) a permis de diviser par 7 les émissions de GES par rapport à du carbone vierge.
  • Sensibilisation des équipes : Les opérateurs ont salué la démarche, y voyant un sens supplémentaire à leur travail.
  • Inspiration pour la filière : D’autres chantiers (Duqueine, Windelo) et acteurs (Classe IMOCA, Fédération des Industries Nautiques) s’intéressent désormais à cette méthodologie.

Des défis persistants

  • Coût et logistique : La gestion des déchets a représenté 0,89 % du budget total du bateau (soit ~53 000 €), principalement en ressources humaines (tri, transport, coordination).
  • Limites techniques : Certains déchets (résines, colles, consommables souillés) restent sans solution de recyclage.
  • Nécessité de mutualiser : Pour rendre les filières viables, il faut massifier les volumes en regroupant plusieurs chantiers.

Pistes pour aller plus loin

  • Créer une plateforme mutualisée : Une structure dédiée à la collecte et au tri des déchets des chantiers navals breton pourrait optimiser les coûts et les transports.
  • Développer des matériaux plus recyclables : Travailler avec les fabricants (Airtech, Diatex) pour concevoir des environnements de travail mono-matériaux ou réutilisables.
  • Adapter la réglementation : La Classe IMOCA pourrait imposer un taux minimal de valorisation des déchets pour les nouveaux bateaux.
  • Soutenir la R&D : Financer des études sur le recyclage des résines ou des composites multi-matériaux, en partenariat avec des acteurs comme Fairmat ou Extracthive.

Conclusion : Une voie à suivre pour la course au large

L’expérience de l’IMOCA Les P’tits Doudous montre que l’économie circulaire est possible dans la course au large, à condition de :

  • Impliquer tous les acteurs (chantiers, recycleurs, institutions).
  • Innover dans les partenariats (fabricants, éco-entreprises, artisans).
  • Accepter un surcoût initial pour des bénéfices environnementaux et sociaux à long terme.

Et demain ? Imaginez une filière nautique bretonne où 100 % des déchets de composite seraient valorisés, grâce à une logistique mutualisée et des technologies de recyclage performantes. Un objectif ambitieux, mais à portée de main si les acteurs se mobilisent ensemble.


→ Pour en savoir plus :

  • Rapport complet sur la gestion des déchets
  • Site de l’association Les P’tits Doudous
  • Site du Team de l’Imoca Les P’tits Doudous

Ce rapport a été réalisé par Pauline Girardin et toute l’équipe de l’IMOCA Les P’tits Doudous

Nautisme Voile de compétition Course au largeéconomie circulaireImocaRecyclacle

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