Défi Azimut 2025 : IA et innovation maritime : de la conception à la performance, un virage maîtrisé audrey, 26 septembre 202516 octobre 2025 À l’occasion des Conférences du Défi Azimut 2025, plusieurs experts, ingénieurs et chercheurs sont venus débattre de l’apport d’intelligence artificielle, entre promesses technologiques, exigences de souveraineté et place centrale de l’humain. Arnaud Rentenier (AudeLor) – Structurer l’écosystème et encadrer les usages de l’IA Le directeur de l’appui à l’innovation d’AudeLor a d’abord présenté le cluster Lorient Intelligence Embarquée, qui fédère une trentaine d’entreprises locales expertes en électronique, robotique ou logiciels embarqués. Objectif : « mieux se connaître, collaborer, gagner en visibilité et attirer les talents. » Arnaud Rentenier a ensuite livré une introduction limpide à l’IA, de ses principes à ses usages concrets en entreprise, tout en alertant sur trois écueils : « la fiabilité des réponses, la perte de souveraineté sur les données et le coût écologique. » Pour y répondre, il prône « des chartes d’usage, des outils souverains et un usage raisonné », invitant les entreprises à s’appuyer sur le programme européen EDIH Bretagne pour franchir le pas. Laurent Gornet (École Centrale de Nantes) – “L’IA, un outil de plus dans la boîte à outils de l’ingénieur” Chercheur en mécanique des structures composites, Laurent Gornet voit dans l’IA un levier pour accélérer les essais et prédire la fatigue des matériaux : « L’IA peut reproduire une courbe à partir de quelques points, mais attention : ce n’est pas de la magie. » Ses travaux explorent les réseaux de neurones informés par la physique (PINNs), capables d’intégrer les lois mécaniques pour fiabiliser les simulations. Il appelle toutefois à la prudence : « L’IA ne dit pas toujours la vérité. » Pour lui, ces outils doivent rester au service de l’ingénieur, dans le respect des futures règles européennes de l’AI Act : « C’est un outil comme un autre. » Lire également : Au Défi Azimut 2025, la course au large accélère le mouvement vers la transition écologique Table ronde – “Cas concrets d’utilisation de l’IA dans le maritime” De la structure à la mer, l’IA s’invite dans les applications les plus variées. Pour Sébastien Gueho (GSEA Design), « avant de faire de l’IA, il faut de la donnée fiable. » Son bureau utilise ces approches pour accélérer les calculs de structures, sans jamais remplacer l’expertise humaine. Dominique Heller (UBS Lab-STICC) a illustré le potentiel des algorithmes dans la détection de câbles sous-marins, le suivi du trafic ou l’observation de la faune marine, tandis que Romain Godefroy (Thalos) a présenté Ocean Live, un système embarqué de reconnaissance vidéo des captures de pêche. Tous partagent la même conviction : « L’IA doit renforcer l’ingénieur, pas le remplacer. » Table ronde – “L’IA au service des simulateurs et de l’analyse de la performance” Dans la voile de compétition, l’IA devient l’alliée du gain de performance. Antoine Carraz (K-Challenge) évoque des analyses en temps réel pour « donner au bateau la trajectoire du meilleur concurrent », tandis qu’Hugo Kerhascoet (WeDeploy Science) s’appuie sur des jumeaux numériques pour anticiper les perturbations : « On ne réagit plus, on anticipe. » Chez Gitana, Nicolas Le Griguer rappelle que « la qualité de la donnée conditionne tout », avec plus de 600 capteurs à bord. Benjamin Muyl, enfin, souligne la démocratisation de ces outils : « L’IA rend accessible à des gens qui ne savent pas coder le fait de coder. » Tous appellent à mutualiser les moyens pour « ne pas se faire dépasser. » Voile de compétition