Interview Claire Vayer : la collaboration de la Classe IMOCA avec The Magenta Project audrey, 8 novembre 202412 novembre 2024 Le 4 novembre, à J-6 du départ du Vendée Globe, la classe IMOCA a réuni aux Sables d’Olonne ses partenaires pour repenser et façonner ensemble l’avenir des femmes dans la course au large. L’occasion d’échanger avec Claire Vayer, co-manager développement durable au sein de la classe IMOCA et de faire un retour sur la collaboration avec The Magenta Project, les actions déjà mises en place et les obstacles qui restent encore à surmonter. INTERVIEW Claire, peux-tu nous en dire plus sur la collaboration avec The Magenta Project ? La relation entre IMOCA et The Magenta Project est une collaboration visant à accroître la diversité et l’inclusion dans l’industrie de la voile. Elle a débuté en 2022. En accord avec les valeurs d’un sport fondé sur le partage et l’ouverture, nous travaillons ensemble pour atteindre une plus grande inclusion dans notre discipline. Ce partenariat a donné lieu à plusieurs initiatives et programmes conçus pour offrir aux femmes des expériences précieuses et des opportunités de réseautage, soutenant ainsi leurs carrières dans l’industrie professionnelle de la course au large. Depuis 2022, à chaque course majeure, The Magenta Project collabore avec la classe IMOCA sur des initiatives variées comme des évènements de networking, des teams pairing (accueil de jeunes femmes par des équipes pour vivre la période précédant le départ de la course), des visites techniques, des séminaires privés, etc.. Et qu’est-ce que le FLDP ? Le Programme de Développement du Leadership Féminin (FLDP) est un programme développé par IMOCA et The Magenta Project, lancé en réponse à l’engagement commun de lutter contre la sous-représentation des femmes dans la course au large, notamment dans les rôles de leadership. Bien que la présence féminine augmente dans divers postes de ce secteur, les opportunités de leadership demeurent limitées, particulièrement dans les positions techniques et de navigation. Cette disparité a mis en lumière la nécessité d’un programme dédié pour habiliter et doter les femmes des compétences et expériences nécessaires pour prospérer dans des rôles de direction. Un stage intensif de quatre semaines est proposé au sein d’une équipe IMOCA. Cette formation couvre des compétences essentielles pour des postes de leadership dans des rôles clés de ce sport : skipper, boat captain/directeur technique, ou responsable d’équipe. Qu’apporte cette diversité au sein de la classe IMOCA ? Une vraie richesse pour les équipes qui ont ouvert leurs portes a plus de diversité. J’ai régulièrement des équipes qui demandent des profils de femme, car ils peinent a avoir accès a des CV ! On essaie de créer une dynamique entre la communauté qui gravite autour du Magenta Project (anglophone mais de plus en plus développée en France) en créant des passerelles entre les équipes et les femmes qui souhaitent se professionnaliser. Quels sont les principaux défis et obstacles qui empêchent aujourd’hui les femmes d’accéder à des postes de leadership dans la course au large ? Il y a encore beaucoup d’obstacles à surmonter. Le manque de « modèles féminins » et de mentors dans la course au large, les femmes dans les rôles de leadership ou dans les postes techniques restant rares. Il y a aussi l’accès restreint aux réseaux professionnels de la course au large, qui sont très spécialisés et encore dominés par des hommes. Aujourd’hui encore nous nous retrouvons face à des préjugés et stéréotypes sur les capacités des femmes dans des environnements exigeants comme la course au large et qui peuvent créer des barrières à leur progression. Certaines croyances infondées sur leur capacité physique ou leur aptitude à gérer le stress en mer peuvent réduire leurs chances d’obtenir des rôles clés. Et il reste aussi la difficulté de l’intégration de la maternité dans une carrière professionnelle sportive, cela peut mener à une difficulté de projection de ce passage pour les femmes mais également à la gestion d’une reprise post-maternité. Est-ce que la voile est au niveau en termes d’inclusion ? Je pense que la classe IMOCA, en tant que sport d’élite, fixe des normes élevées : 50 % des team managers sont des femmes et 15 % des skippers sont des femmes. Si l’on compare avec les entreprises Fortune 500 qui ne comptent que 13% de femmes à leur tête en France, nous sommes au même niveau, voire juste au-dessus, du leadership féminin dans le monde des affaires. Mais bien sûr, il y a toujours des progrès à faire, et des programmes sont en place avec le projet Magenta pour aider à développer plus de talents afin d’atteindre une grande représentation équitable dans tous les rôles. Je pense aussi que des courses 100% mixtes, comme la Transat Paprec en Figaro ou la Plastimo en Mini, va permettre de faire évoluer les mentalités dès le début des carrières de skippers. Pour en savoir plus sur The Magenta Project : www.themagentaproject.org Crédit photo : Flore Hartout – polaRYSE Voile de compétition Course au largeImocainclusion