Interview Yann Dollo : CDK Technologies, 40 ans au service de la performance Arnaud C., 14 octobre 202421 octobre 2024 CDK Technologies a célébré ses 40 ans le 11 septembre 2024 à Lorient en marge du Défi Azimut Lorient Agglomération. L’occasion d’échanger avec son directeur général adjoint, Yann Dollo, autour du passé et du futur du chantier créé en 1984 par Gaëtan Gouerou, Jean Le Cam et Hubert Desjoyeaux. Pouvez-vous nous faire une photographie de CDK Technologies à 40 ans ? Aujourd’hui, CDK Technologies est un des leaders dans la fabrication de pièces composites haute performance de grande taille, grâce à des autoclaves et des étuves de dimensions assez extraordinaires. Le groupe affiche un chiffre d’affaires consolidé compris entre 13 et 15 millions d’euros, pour 125 salariés, dont 100 en Bretagne, le reste constituant les équipes de C3 Technologies à La Rochelle, racheté fin 2022. Et nous nous apprêtons à doubler nos surfaces de production lorientaises, avec l’inauguration de deux nouvelles nefs au printemps 2025. Au départ, le chantier est né d’une demande ou d’une intuition ? Il y a 40 ans, les composites haute performance qu’on connaît aujourd’hui en étaient à leurs balbutiements, c’était l’ère des pionniers. Quand on est coureur au large à l’époque, ce n’est pas un métier, mais une passion et on met souvent la main à la pâte. Donc au départ, c’est d’abord l’histoire de trois amis, Gaëtan Gouerou, Jean Le Cam et Hubert Desjoyeaux, qui veulent juste construire le bateau qui leur permettra d’aller plus vite que ceux des copains de la baie d’à côté. Et donc qui créent un chantier pour fabriquer ce bateau sur lequel ils comptent ensuite eux-mêmes naviguer, il n’y a pas d’intuition du tout ! Si vous deviez citer quatre bateaux qui ont marqué l’histoire de CDK ? Je commencerais par Bagages Superior, le bateau construit pour Alain Gautier pour le deuxième Vendée Globe (1992), parce que c’était notre première victoire sur la course, donc elle a forcément été très marquante, on en a depuis remporté quatre autres. Ensuite, le Formule 40 Biscuits Cantreau 3, la première fois qu’on voyait un trimaran naviguer sur un patin, et pour faire ça, il fallait des bateaux hyper rigides, ça a marqué l’avènement du « preg » (cuisson en préimprégné). Banque Populaire V bien sûr, parce que bien plus qu’un bateau, c’était une nouvelle orientation pour CDK, un nouvel outil de production avec l’installation à Lorient, on n’imaginait pas à l’époque ce que ce site allait apporter au chantier. On parlait tout à l’heure d’intuition, mais il fallait à l’époque être visionnaire pour savoir ce qui allait se passer après la construction de Banque Populaire V, Philippe Facque (l’ancien directeur général) a eu cette intuition que le site allait se développer grâce à un environnement incroyable. Enfin, même s’il est moins révolutionnaire, l’Imoca Macif, parce que c’était le début de la collaboration avec François Gabart et son équipe, qui nous emmèneront ensuite sur les Ultim et nous feront faire notre premier foil d’Ultim, là encore un marqueur important dans le développement de CDK. Capitaliser pour répondre à des enjeux dépassant la course au large Comment imaginez-vous CDK dans 40 ans ? Je pense que dans 40 ans, CDK aura capitalisé sur ce que le chantier a développé dans le domaine des composites haute performance depuis sa création, y compris ses outils, pour répondre à des enjeux qui dépassent ceux de la course au large. Aujourd’hui, quand on nous demande si on est capable de faire des mâts de 70 mètres pour des cargos à voiles, on ne part pas en courant. Pareil si on nous propose de fabriquer des foils de 2 tonnes pour le transport des passagers. Donc dans 40 ans, j’espère bien qu’on restera un leader dans le domaine de la course au large parce que ça fait partie de notre ADN – 85% de notre chiffre d’affaires aujourd’hui -, mais qu’on fera de 30 à 40% de ce chiffre sur des projets industriels pour d’autres types de marines (défense, transport de passagers, fret…), les énergies marines renouvelables, l’éolien offshore… Mais également les bateaux de grande plaisance à voiles, appelés à remplacer les super yachts à moteur, un marché qui s’ouvre grâce à tout ce qu’on a réalisé avec les Ultim. Voile de compétition cdk technologieCourse au large