Comment Saint-Malo veut s’imposer comme un pôle nautique de premier plan ? audrey, 30 septembre 20252 octobre 2025 Le pôle nautique de Saint-Malo se transforme pour développer l’activité de grande plaisance et répondre aux besoins des marins de course au large. Un projet porté par la Région Bretagne, propriétaire du port, et Edeis, son concessionnaire. Les ambitions et les attentes Faire de Saint Malo un pôle d’excellence de la course au large et d’industrie de la plaisance. Telles sont les ambitions du projet de réaménagement du pôle nautique Duguay-Trouin présenté le 10 juillet dernier par la Région Bretagne, propriétaire du port, et Edeis, son concessionnaire depuis 2020. “Nous allons réparer une anomalie, se félicite Stéphane Perrin-Sarzier, vice-président de la région chargé des finances, des ressources humaines, des moyens généraux, de l’Europe et de l’international, et président du conseil portuaire. La côte nord bretonne va bénéficier d’infrastructures dignes de ce nom et Saint-Malo, ville départ de la Route du Rhum, va pouvoir accompagner la croissance de ces deux secteurs et satisfaire les attentes des écuries de course qu’elle abrite aujourd’hui.” Les attentes des skippers installés dans la cité corsaire depuis des années étaient en effet importantes pour leur permettre de travailler dans de bonnes conditions. “Il était temps de faire quelque chose, car cela devenait très compliqué de réaliser le grutage et certains chantiers de réparation, nous avons été impliqués très tôt pour la partie technique de ce projet,” confirme Thibaut Vauchel-Camus, skipper de Solidaires en Peloton, l’un des trois Ocean Fifty basés à Saint-Malo – avec Viabilis Océans (Baptiste Hulin) et Le Rire Médecin-Lamotte (Luke Berry). Cet ambitieux programme représente un investissement de 10 millions d’euros, réparti à parts égales entre la Région Bretagne, qui prend en charge la consolidation du quai de Terre-Neuve, la restitution du terre-plein attenant et l’ajout d’une zone de levage dédiée à des navires jusqu’à 40 tonnes, et Edeis, qui finance la création d’équipements portuaires – une darse et un élévateur à bateaux de 25 tonnes, avec potence de démâtage – ainsi que la reconversion de l’ancienne friche industrielle Sofrino. Deux halls de 400m² et quatre cellules de 200m² A l’issue de sa réhabilitation, cet ancien entrepôt abritera deux halls de 400 m2, dotés de mezzanines et dimensionnés pour accueillir des Ocean Fifty, Imoca et Class40. Il seront séparés par un hangar de 60 m2, pouvant accueillir des mâts et dédié à des activités de peinture, résine ou maintenance. “Ces espaces sont destinés à la location temporaire pour répondre aux besoins ponctuels d’un maximum d’écuries de course au large et au refit de grandes unités de plaisance”, détaille Suliak Aubin, responsable du développement commercial chez Edeis. Le bâtiment intègre aussi quatre cellules de 200 m2 modulables à disposition des professionnels du nautisme : voilerie, sellerie, électronique marine… Les intéressés pourront candidater une fois l’appel à manifestation d’intérêt publié d’ici fin novembre et sont invités à prendre contact avec Edeis dès maintenant. “Notre objectif est de créer un cluster attractif : faire revenir les professionnels qui se sont dispersés en périphérie de la ville au fil des ans et en attirer de nouveaux”, explique Stéphane Perrin-Sarzier. Avec cette nouvelle offre de services et d’installations, Saint-Malo entend se positionner comme alternative crédible aux pôles de course au large de Bretagne Sud. “11 équipes Ocean Fifty courent sur le circuit aujourd’hui et quelques-unes pourraient être intéressées à l’idée de nous rejoindre, se réjouit Thibaut Vauchel-Camus. Mais cela vaut aussi pour des projets Mini, Class40, voire pour la flotte IRC. La gare TGV n’est qu’à 2h30 de Paris et à 15 minutes à pied du pôle nautique. C’est pratique pour accueillir des partenaires ou venir s’entraîner les week-ends.” A cet argument s’ajoute la promesse d’une meilleure visibilité du pôle et des pontons attenants, grâce à l’aménagement d’espaces de promenade pour le grand public. Edeis et la région Bretagne ont à cœur de favoriser la proximité entre les deux mondes pour améliorer leur compréhension et leur acceptabilité réciproques. “Cela permettra aussi d’attirer les étudiants et les élèves du lycée maritime qu’on ne voit pas beaucoup de ce côté-ci du port”, espère Thibaut Vauchel-Camus. Travaux terminés pour la Route du Rhum S’agissant de la grande plaisance, Saint-Malo vise plus loin quelaBretagne Nord, espérant attirer des navires basés ou naviguant en Normandie et dans les îles anglo-normandes. “Cela s’inscrit dans la récente coopération que nous avons instaurée avec les ports de Jersey et Guernesey pour mieux se connaître et évoluer en étant complémentaires”, confirme Stéphane Perrin-Sarzier. Démarrés cet été, les travaux doivent s’achever à l’automne 2026, à temps pour la prochaine édition de la Route du Rhum, dont l’organisateur, OC Sport Pen Duick, vient de lancer les comités techniques et portuaires. “La zone réaménagée est proche de l’une des entrées du village départ (Rocabey), mais extérieure à l’usage événementiel que nous faisons habituellement du port, commente Malo Le Peru, chef de projet chez OC Sport Pen Duick. Cette réhabilitation est une excellente nouvelle pour le rayonnement de Saint-Malo sur la course au large.” Le départ de la mythique transat en solitaire offrira donc la meilleure des publicités au nouveau pôle nautique auprès des teams de courses, de leurs partenaires et des visiteurs, au nombre de 1,5 million lors de l’édition précédente. Voile de compétition