Bilan technique du Vendée Globe 2024-2025 audrey, 10 mars 202510 mars 2025 Après un Vendée Globe de tous les records, un bilan technique des Imoca s’imposait. Aussi, pour ce 10e Sailing Café, trois invités ont répondu à l’invitation de Bretagne Développement Innovation : Guillaume Combescure, responsable technique de l’équipe Macif Santé Prévoyance, Félix de Navacelle, directeur technique de Lazare, et Alizée Vauquelin, directrice technique de Biotherm. Cette dixième édition aura été marquée par le plus faible taux d’abandon de l’histoire du Vendée Globe (7 pour 40 partants, soit 17,5%, contre 24% il y a quatre ans), nombre de bateaux, une fois amarrés au ponton du Vendée Globe après deux ou trois mois de mer, semblant même en état de repartir. Chez Biotherm, si Alizée Vauquelin concède avoir “beaucoup cassé sur The Ocean Race, ce qui nous a fait connaître tous les problèmes du bateau”, elle reconnaît que le plan Verdier de Paul Meilhat (5e) pourrait presque “repartir comme ça”. Même analyse chez Guillaume Combescure, qui reste “surpris du bon état du bateau [du vainqueur Charlie Dalin] et de la flotte en général”. Dans l’équipe Lazare, la philosophie était sensiblement différente, “dans le sens où il fallait finir à tout prix”, confie Félix de Navacelle, ce qu’a fait Tanguy Le Turquais, 17e après 85 jours de mer. Les seules avaries constatées sont liées “à des manœuvres un peu engagées, donc si c’était à refaire, on allégerait un peu le bateau”, ajoute ce dernier. Au-delà d’un système de qualification “qui pousse à faire des milles”, Guillaume Combescure estime, pour expliquer cette bonne fiabilité, que “participer à The Ocean Race devient presque un préalable incontournable”, reconnaissant, avec l’équipe Macif Santé Prévoyance (qui n’a pas disputé la course autour du monde en équipage, puisque le bateau de Charlie Dalin n’était pas encore à l’eau), avoir “bénéficié des enseignements des autres” grâce à la mutualisation de l’information initiée par la classe Imoca. Alizée Vauquelin note de son côté la plus grande professionnalisation des équipes, “même les petites”. Félix de Navacelle estime cependant qu’il n’aurait pas fallu une course de plus à un calendrier chargé, car en cas d’avarie, “cela aurait été un petit peu plus compliqué de se présenter sur le Vendée Globe sereinement”. Si les listes de travaux à réaliser après ce tour du monde sont plutôt raisonnables, elles ont été nourries rigoureusement par tous les teams tout au long de ces deux-trois mois de mer. Dans le détail, cinq secteurs sont ensuite passés en revue. Côté carène, coque et structure, Guillaume Combescure note que “la bonne surprise, c’est l’état des fonds de coque, qui ont été un gros problème pendant longtemps” et ont été peu impactés sur ce tour du monde malgré des états de mer parfois assez violents. Pas de souci non plus pour l’équipe Biotherm qui, suite à The Ocean Race, avait rajouté six cloisons à l’avant. La problématique est un peu différente chez Lazare avec “un bateau qui a 18 ans, certes fiabilisé, mais qui est confronté à une fatigue des matériaux”, Tanguy Le Turquais ayant dû résoudre des problèmes structurels dans le Grand Sud. L’équipe technique du vainqueur Charlie Dalin a également été étonnée par la bonne tenue des foils qui, “de manière générale, reviennent en meilleur état qu’après un stage à Port-La-Forêt !” sourit Guillaume Combescure. Même constat pour l’équipe de Paul Meilhat en ce qui concerne les safrans : “On en cassé six en trois ans, et là, c’est la première course où on n’en casse pas”, ajoute Alizée Vauquelin. Les enseignements sont riches en ce qui concerne les voiles, d’autant que les trois bateaux étaient équipés par trois voileries différentes : North Sails (Macif Santé Prévoyance), Incidence (Biotherm) et All Purpose (Lazare). Si le FRO du vainqueur “arrive ruiné et ne servira plus qu’à faire des trousses de toilette souvenirs du Vendée Globe”, dixit Guillaume Combescure, “ça vient d’une erreur de notre part de ne pas exiger une voile plus solide”. Chez Biotherm aussi, on est très satisfait du jeu de voiles, puisque seul le spi a explosé, mais, précise la directrice technique, “c’était prévisible après avoir déjà fait The Ocean Race”. Les hooks ont en revanche fait défaut, nombre de skippers ayant déploré des casses de ces pièces d’accastillage. Pour Alizée Vauquelin, “ce qu’on apprend de ce Vendée, c’est qu’on a de la fatigue mécanique sur ces pièces que l’on n’atteignait pas avant”. Parmi les points positifs, les trois intervenants mettent en avant l’électronique – aucun bateau n’ayant dû passer sur le circuit de secours – et l’énergie qui n’a pas posé de problèmes majeurs, que les skippers se soient fiés aux énergies alternatives ou aient parié sur la fiabilité du moteur thermique. Enfin, le sujet aménagements a donné lieu à des approches différentes dans chaque équipe, de l’ascétique Paul Meilhat et son simple pouf à bord de Biotherm, à la très ergonomique studette de Charlie Dalin, en passant par le pragmatique Tanguy Le Turquais, qui regrettait à l’arrivée de ne pas avoir fermé son cockpit sur l’arrière. Voile de compétition Imocaretour techniqueVendée Globe